Aller au contenu

Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme vol2.djvu/47

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 42 )

ce qu’il m’enlevoit, pour la ſeconde fois, l’honneur de combattre & de vaincre.

Ces mécontentements fermenterent dans mon cœur ; le Comte en porta la peine. Je me fâchois quand il doutoit de ma tendreſſe, & plus encore lorſqu’il en paroiſſoit trop aſſuré. Un caprice de froideur en ſuivoit un tout de feu… Nous paſſions notre vie en querelles, en raccommodements, & toujours ſans conſéquence. Rozane avoit un ſyſtême qui, peut-être, lui étoit particulier. Un ſeul moment la paſſion avoit réuni dans ſon eſprit, l’idée du déſordre à celle du bonheur ; mais revenu de ce délire, il auroit cru ſacrifier mon repos, ma réputation, ma perſonne, s’il avoit cherché à m’entretenir dans une habitude de foibleſſes.

Il ne s’expliquoit point, je ne le devinois pas, & pouvois ſoupçonner je ne ſais quoi d’offenſant, dans une circonſpection auſſi extraordinaire. Delà, mille tracaſſeries injuſtes ; mille petites ſéductions que je me permettois, parce qu’elles n’alloient qu’à venger mon amour-propre… Enfin, je m’accoutumai à ſon étonnante façon d’aimer, à ſon reſpect… La paix s’établit aux dépens de ma coquetterie ; de celle, au moins, dont il étoit l’objet.

Nous allâmes à la campagne : c’étoit nous mettre à une épreuve bien délicate !… Nous