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Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme vol2.djvu/48

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nous en tirâmes bien. Etre enſemble, reſpirer le même air, s’occuper des mêmes choſes, ſe voir, s’entendre, ſe deſirer, nous procuroient des plaiſirs plus délicieux, peut-être, que ſi nous avions admis quelque mélange. Ce charme de l’ame, cette douce confiance, ces riens enchanteurs, dont nous ſavions ſi bien jouir, furent interrompus en revenant à Paris : je le trouvai d’une triſfteſſe mortelle ; les converſations du monde m’aſſommoient ; j’éprouvois au milieu des cercles les plus brillants, les dégoûts, les langueurs de la plus profonde ſolitude.

Des chagrins nouveaux pour moi ſe joignirent à ces diſpoſitions mélancoliques. Nous n’avions pas eu Murville à la campagne : je le trouvai méconnoiſſable à mon retour.

Ses démarches étoient cachées ; il perçoit dans les nuits, fuyoit ſa maiſon, même les jours où il s’y raſſembloit une compagnie de ſon choix, à laquelle il ne s’étoit jamais diſpenſé d’en faire les honneurs… Plus de gaieté, plus de légéreté, plus de condeſcendance pour mes goûts, plus de politique avec le Comte… Depuis la mort de ma ſœur, je m’étois apperçue qu’il lui ſavoit mauvais gré d’être trop inſtruit de ſes affaires ; mais il n’en obſervoit pas moins ſoigneuſement les égards ; & quoiqu’il tirât