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Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme vol2.djvu/49

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volontiers ſur lui, c’étoit d’aſſez loin pour qu’il n’en reſſentît pas trop vivement la bleſſure.

Tout étoit changé. Il le prenoit pour but de ſes traits les plus piquants ; Rozane y oppoſoit une hauteur fort approchante du dédain… Tout entretien dégénéroit en diſpute, toute plaiſanterie en ſarcaſme.

Je tremblois des ſuites que ces bourraſques pouvoient avoir, entre deux hommes trop fiers & trop braves pour s’offenſer impunément ; mais je n’en admettois pas moins le Comte à mes parties de plaiſir, auſſi ſouvent qu’il m’étoit poſſible.

La première repréſentation d’une Comédie excita notre curioſité : nous y allâmes enſemble, en grande loge, n’ayant pas la mienne ce jour-là. Un moment après que nous fûmes arrivés, deux femmes entrerent en face de nous : l’une avoit l’air d’une Provinciale ; l’autre, éblouiſſante de parure & de beauté, étoit cette Demoiſelle de Villeprez, ſi fameuſe dans mon hiſtoire, que M. d’Archenes, Intendant de B***, avoit épouſée pendant mon ſéjour au Couvent.

Deux ans d’abſence, & beaucoup de révolutions, dans l’intervalle, me l’avoient preſque fait oublier… A ſon aſpect je penſai me trouver mal. Voilà notre ennemie, dis-je, à Rozane, en la lui montrant ; il