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Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme vol2.djvu/50

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fronça le ſourcil, changea de couleur, & ne répondit point. Les regards de Madame d’Archenes ſe dirigerent vers nous : elle ſourit, nous fit remarquer à la femme qu’elle avoir amenée,… parla beaucoup, comme quelqu’un qui fait une narration variée de ſérieux, de plaiſant, de pathétique ; & les yeux de la Provinciale ſe tournant ſans ceſſe de notre côté, ne laiſſoient aucun doute ſur les objets de la converſation.

Pas un de leurs mouvements ne m’échappoit : je me les expliquois tous ; eh, de quelle maniere !… Je ſouffrois ; … j’étois ſur le point de me retirer du ſpectacle, quand Murville parut dans leur loge, en faiſant les geſtes d’un homme qui s’excuſe de s’être fait attendre. Ma vue le ſurprit ; la ſienne augmenta mon trouble : il ſe remit promptement, ſe plaça auprès de l’Intendante, dont la compagne devint nulle.

Plus attentive qu’auparavant, je les examinois ſans diſtraction. Murville avoit, en parlant, l’expreſſion de la cajolerie ſur le viſage ; l’Intendante ſembloit triompher modeſtement… Un coup d’œil lancé ſur moi, de temps à autre, m’avertiſſoit que j’étois une victime qu’on immoloit à ſa vanité. La mienne jouoit un rôle aſſez pénible ; mais j’étois bien moins affectée de la comparaiſon que mon mari pouvoit faire de mes