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Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme vol2.djvu/57

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qui portoit ordinairement mes lettres au Comte.

Bleſſée d’une démarche que je regardai comme une offenſe perſonnelle ; ne voulant pas différer à m’en expliquer, j’allai m’établir dans l’appartement de mon mari, où je me morfondis juſqu’à trois heures à l’attendre.

On peut imaginer quelle fut ſa ſurpriſe, en me trouvant chez lui à cette heure, & dans les termes où nous en étions. Je ne lui laiſſai pas le temps de m’interroger ſur une telle ſingularité. Par quelle raiſon, par quel droit avez-vous renvoyé mon laquais ? demandai-je. — Par la raiſon, par le droit d’un mari qui ne veut pas ſouffrir chez lui l’agent connu des intrigues de ſa femme… Mon indulgence vous perd : il faut vous forcer de vous reſpecter, de reſpecter mes ordres, de ne pas les enfreindre, à l’inſtant même où je vous les ai donnés.

Sa hauteur, la dureté de cette réponſe ne m’en impofa point : j’y répliquai… Le feu s’alluma plus violemment peut-être qu’il ne l’avoit été la veille… Le nom de ma mere fut mêlé aux nouvelles menaces de Murville ; ce nom qui m’en avoit toujours impoſé, m’arracha un ſourire équivoque ; mille ſoupçons relatifs à ſa liaiſon avec Murville s’étoient élevés dans mon eſprit depuis que