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Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme vol2.djvu/65

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exil, j’en devins plus calme ; j’allai même juſqu’à me perſuader que Murville n’avoit voulu que me faire peur, en me montrant un eſſai de ce qu’il pouvoit contre moi. Bercée par cette douce illuſion, je me mis au lit, & dormis fort paiſiblement.

Vers quatre heures, le bruit d’une porte dérobée, qui s’ouvrit dans ma chambre, m’éveilla : c’étoit Julie. Je trouble votre repos, & j’en ſuis fâchée, me dit-elle ; mais les moments ſont précieux, j’ai craint de n’en pas retrouver d’auſſi favorables que celui-ci. Monſieur écrit ; tout le monde eſt occupé : on vous ſuppoſe endormie ; vous réfléchirez librement aux moyens d’éviter le coup dont vous êtes menacée, ſans qu’il paroiſſe que je vous aie communiqué aucune lumiere à ce ſujet.

Ce début étoit fait pour exciter ma curioſité… Je regardois Julie d’un air d’étonnement & d’inquiétude, ſans oſer lui faire des queſtions, tant il m’étoit nouveau de me trouver en intime confidence avec cette fille. Elle s’apperçut de ma réſerve, & s’en plaignit. J’ai ſu, de Paris, ce que je vais vous apprendre, ajouta-t elle, & par celui même à qui Monſieur a confié ſes ordres, après s’être conſulté avec Madame votre mere, en ſortant du bal… Vous ne reſterez ici que très-peu de jours, c’eſt-à-dire,