Aller au contenu

Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme vol2.djvu/66

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 61 )

juſqu’à ce qu’on ait emballé les meubles, les effets néceſſaires à une maiſon inhabitée depuis long-temps : on les tranſportera au château de Murville, où M. le Baron doit vous conduire & vous laiſſer. Je ſuis deſtinée à vous y ſurveiller ; Mademoiſelle de Murville, votre belle-ſœur, nous y ſurveillera l’une & l’autre, ainſi nous ſerons toutes deux également ſes priſonnieres.

Comme je ne voyois rien qui pût l’obliger de ſacrifier ſa liberté à la vengeance de mon mari, & que ma ſituation m’inſpiroit quelque prudence, je ſoupçonnai un piege caché ſous les paroles de Julie, & ce ſoupçon me rendit preſqu’incrédule. Madame ſe défie toujours, dit-elle, d’un ton peiné : elle veut négliger un avis important, parce qu’il vient de moi : & bien, il faut détruire une prévention dangereuſe pour elle-même ; il faut la convaincre de ma ſincérité, par l’aveu des motifs qui redoublent mon zèle à la ſervir… J’aime ; je me trouve forcée d’opter encre un amant adoré, ou une maîtreſſe généreuſe, ſur les bontés de laquelle j’avois fondé l’eſpérance de mon établiſſement. Cette alternative eſt ſi cruelle, que je ſuis prête à tout entreprendre, pour concilier d’auſſi chers intérêts… Ordonnez, je ne demande que le ſecret ſur les ouvertures que je viens de vous faire,