Aller au contenu

Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme vol2.djvu/68

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 63 )

d’un mari barbare, qui ne l’étoit qu’à l’inſtigation d’une femme méchante & mépriſable.

J’ajoutai à ce projet, celui de faire venir le Comte, de le charger de mes lettres, de lui expliquer mille choſes qui ne pouvoient l’être que verbalement ; du moins ce fut le prétexte que j’en alléguai. Julie me fit, à ce ſujet, les plus fortes, les plus ſages, les plus inutiles repréſentations. Malgré le danger où j’expoſois Rozane, où je m’expoſois moi-même, j’écrivis conformément à ce que je deſirois.

Madame de Murville au Comte de Rozane.

„ Trouvez-vous demain, vers neuf heures du matin, & le plus ſecrétement poſſible, à la petite porte du parc d’Aulnai ; j’aurai ſoin de la faire tenir ouverte. Introduiſez-vous dans la grotte : je m’y rendrai pour vous inſtruire des indignes traitements auxquels je ſuis expoſée, & pour vous dire un éternel adieu, ſi de prompts ſecours ne viennent m’arracher au pouvoir de mon tyran. „ Ce billet fut confié à un homme du village, donc on acheta la diligence & la diſcrétion.

J’évitai de me trouver avec Murville le reſte du jour. Une partie de la nuit fut em-