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Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme vol2.djvu/69

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ployée à mes dépêches, l’autre à me tourmenter ſur l’événement. Il n’étoit pas encore huit heures, quand Julie m’apporta la réponſe du Comte, ſans ſuſcription, ne contenant que ce ſeul mot, j’irai.

Tout vous ſert à ſouhait, me dit-elle ; Monſieur eſt ſorti avec ſon chien & ſon fuſil : j’ignore de quel côté il a tourné ſes pas ; mais il eſt probable que ſon abſence vous laiſſera le temps néceſſaire à votre entrevue. Je vais ouvrir la porte, & reviendrai vous prendre… Attendez, je change d’avis, interrompis-je ; puiſque nous ſommes libres, il vaut mieux amener le Comte dans mon appartement : je lui parlerai plus à l’aiſe que dans la grotte, & courrai moins les riſques d’une ſurpriſe. A la vérité, j’étois logée commodément, au rez-de-chauſſée, une ſortie ſur le parc ; mais il y avoit un long trajet à faire pour y parvenir ; les arbres étoient nuds ; rien ne pouvoit cacher la marche du Comte… Julie tomboit d’étonnement en étonnement à la vue de mes témérités : elle pria, remontra, s’affligea… J’ordonnai deſpotiquement, & trouvai fort mauvais qu’après avoir trahi le ſecret de ſon maître, le ſien même ; après m’avoir donné tant de droits ſur ſa complaiſance, elle oſât montrer quelque oppoſition à mes volontés. Tout ce que j’accordai à ſes frayeurs, fut