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Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme vol2.djvu/70

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qu’elle n’accompagneroit pas Rozane, afin que je puſſe me charger du blâme, il nous étions découverts.

Forcée de m’obéir, elle ſe rendit à ſon poſte… Neuf heures, neuf heures & demie, dix heures ſonnerent… Mon cœur palpitoit au moindre bruit… Je mourois d’impatience, lorſqu’il ſe fit dans la maiſon un mouvement extraordinaire : j’entendis des cris, des voix confuſes, le pas d’un homme qui s’avançoit, en courant vers ma chambre, & qui frappa d’une maniere peu ménagée… J’ouvre, je vois un laquais de Murville, effaré, tremblant, reſpirant à peine : Venez, me dit-il, vous verrez… Ah dieu ! mon maître… votre mari… on vient de le rapporter… Il eſt mort… Il eſt tué. Il eſt tué ! répétai-je avec un ſentiment d’horreur ; par qui ? Ciel ! Je m’évanouis.

Julie étoit ſeule auprès de moi, quand j’ouvris les yeux… Seroit-ce un ſonge qui m’auroit troublée ? demandai-je, Murville. — Madame, il n’eſt plus. — Il n’eſt plus ! Rozane !… Ah malheureux !… Qu’allons-nous devenir ?

Je devine vos ſoupçons, dit Julie, & je les crois injuſtes, ſi j’ai bien compris ; la mort de Monſieur eſt un accident dont il ne faut accuſer perſonne. — Un accident !