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Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme vol2.djvu/71

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ſe pourroit-il ?… Qui vous l’a dit ?… Comment ſeroit-il arrivé ?… Je ne ſais aucun détail, reprit-elle ; attirée par le bruit des voix, je ſuis ſortie du parc, & le premier objet qui s’eſt offert à ma vue, a été le corps ſanglant de Monſieur, que des Payſans rapportoient. Saiſie de craintes ſemblables aux vôtres, j’ai hazardé quelques queſtions ; ces gens, tout occupés du triſte fardeau dont ils étoient chargés, ne m’ont répondu que par des mots ſans liaiſon… C’eſt lui,… c’eſt lui-même,… c’eſt ſon propre fuſil… Je les ai ſuivis au Château pour tâcher d’en apprendre davantage ; mais l’imprudent qui vous avoit inſtruite, eſt venu m’appellera votre ſecours, avant que j’euſſe pu faire de plus amples informations.

Les diſpoſitions du Comte & du Baron m’étoient trop bien connues pour me raſſurer facilement… D’ailleurs, Rozane n’avoit point paru, cette circonſtance ſembloit prouver contre lui… Quels périls menaçoient ſa tête ! Quel ſort plus cruel & moins ſuſceptible de remedes ! Julie eut pitié de mon état : elle m’abandonna pour quelques moments à mes noires idées, revint, & m’annonça par ſon air, que je devois être plus tranquille.

On ne m’en avoit point impoſé, me dit-elle, tous m’ont tenu le même langage. Ces