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Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme vol2.djvu/74

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ple narration tiendroit de l’indifférence. Julie me tira encore de cette peine, en ſe chargeant de la commiſſion… Je m’étois évanouie, manda-t-elle ; … je me trouvois hors d’état de tenir la plume, & de penſer à tout ce que les conjonctures exigeoient… Elle prioit Madame de Rozane de venir m’aider de ſes conſeils… Cette priere ne me plut point. Je ne me diſſimulois pas que j’avois beſoin de quelqu’un pour me conduire ; mais je n’aurois pas voulu l’être par ma mere : cette mere, qui avoit ſouſcrit ſi légérement à l’attentat de Murville contre ma liberté !… Je frémiſſois à la ſeule idée de la revoir !… Cependant, il faudroit tôt ou tard que je m’en rapprochaſſe ; mon âge, la mort de mon mari ; le genre de cette mort, équivoque pour le Public, devoient m’en faire une loi. Julie me repréſenta ces raiſons avec force : elles ne me perſuaderent point ; mais elles m’entraînerent : je cédai.

Sa lettre ne contenoit, au ſurplus, qu’une ſimple annonce, & renvoyoit, pour les détails, au porteur, témoin oculaire de l’accident. En effet, nous en choisîmes un, de préférence à quelqu’un de la maiſon, qui n’auroit pu que redire ce que les autres avoient vu.

Madame de Rozane avoit invité, ce jour