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Page:Bonaparte - Œuvres littéraires, tome 1, 1888.djvu/169

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il faut à la république un magistrat actif et dans la force de l’âge ; tu t’es rendu assez grand pour pouvoir prétendre à gouverner tes concitoyens ; mon père et les siens te promettent leur appui ; Sinuccello lui-même ne pourra s’opposer à toi ; à l’âge où l’on doit encore obéir, tu seras le premier de la république, qui, heureuse et comblée de prospérité par tes vertus, par ton courage, ne laissera rien à désirer à ton cœur ; la main de Véronica cimentera ta puissance, Véronica t’aura dû la vie, et s’il est possible, son amour s’en accroîtra. »

Lorsque l’homme imprudent a laissé pénétrer dans son sein un amour désordonné, lorsque la femme qui l’a allumé vient d’échapper à la mort, et qu’elle est embellie par la pâleur de l’angoisse, par les souffrances du cœur, il est au-dessus des forces accordées aux faibles mortels de résister : Lupo réfléchit donc, et les intérêts du devoir, de la patrie, et de la gloire firent place à l’amour. Guglielmo put s’échapper ; l’inflexible Sinuccello fit instruire le procès de son neveu, et oublia sa victoire pour ne voir que sa faute. Celui-ci n’ayant plus de ménagement à garder, s’unit à Guglielmo et épousa la tendre Véronica. Salnese, propre fils de Sinuccello, se joignit aux ennemis de son père ; tous réunis, ils dressèrent une embuscade et firent prisonnier le vieillard. Ils furent longtemps indécis sur le sort qu’ils lui réserveraient :