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Page:Bonaparte - Œuvres littéraires, tome 1, 1888.djvu/174

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Sambucuccio son fils, dès qu’il lui eut fermé les yeux, fit jurer à ses compagnons de ne rien épargner pour rétablir la République et les communes. Pour mieux exciter son zèle, pour qu’il eût devant les yeux un objet toujours présent qui lui fît un devoir de ne pas perdre un instant, son père lui avait fait promettre de ne rendre les derniers honneurs à son corps qu’après le premier succès qu’il devait obtenir dans sa juste entreprise. Il laissa donc le corps du vieux Sambucuccio sans sépulture, et il se transporta rapidement sur les pièves de Rostino et d’Ampugnani. Par ses discours autant que par les premiers avantages qu’il remporta sur les barons, il rétablit la confiance, ranima le courage, se fit une armée, fut créé premier magistrat, et partout il fit triompher la bonne cause ; mais, le fer d’une main et la flamme de l’autre, il se porta à d’horribles excès que rien ne peut justifier, pas même le droit de représailles, et que condamne essentiellement la politique. D’une stature, d’une imagination, d’un courage gigantesques, il fut extrême dans toutes ses opérations, il crut devoir s’étayer de quelques secours étrangers, et se confédéra avec les communes de Gênes. Démarche imprudente, qui a coûté cher à son pays qu’il avait cru servir. Plein de fougue, de force et de haine, mais sans politique, sans ménagement et sans dextérité, Sambucuccio opposait à tout sa propre personne. Il ne tarda pas à être do-