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Page:Bonaparte - Œuvres littéraires, tome 1, 1888.djvu/180

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Mariano di Caggia (1445). — Les peuples nommèrent pour gouverner sous la protection des papes, Mariano di Caggia. Mariano, implacable envers les caporaux, leur fit une guerre opiniâtre ; il brûla, dévasta leurs biens, démolit leurs châteaux. Les caporaux distingués par leur crédit sur le peuple, en étaient les chefs ; mais, corrompus, ils ne servirent plus qu’à l’égarer, et la nation était victime de leur ambition et de leur avidité : funestes effets de l’ignorance de la multitude. L’on ne peut disconvenir cependant que les caporaux n’aient rendu des services à la Corse. Leur histoire est à peu près celle des tribuns de Rome. Après sa brillante expédition contre les caporaux, Mariano ne fit plus rien qui fût digne de sa réputation ; il conserva sa prépondérance sur le peuple malgré le grand nombre de ses ennemis ; mais il s’en servit pour prêcher la soumission à l’Offizio. L’histoire, méprisant cette indigne conduite, ne s’occupe plus de lui et le laisse mourir dans l’oubli.

Peut-être, à l’ombre de la tiare, on eût vécu tranquille ; mais le pape Nicolas v, Génois, ami de Fregose, donna l’investiture de la Corse à Lodovico, chef de cette maison. Les Corses, bien loin d’approuver cette élection, coururent aux armes avec leur intrépidité ordinaire, et repoussèrent ce nouvel adversaire. Galeazzo dit Campo Frigoso, découragé, céda à la République le peu de forts qu’il tenait : mais les Génois,