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Page:Bonaparte - Œuvres littéraires, tome 1, 1888.djvu/182

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une mort malheureuse une vie pleine de gloire. La rage inhumaine d’Antonio Calva, alors général des troupes de l’Offizio, ne fut pas assouvie ; il fit égorger sous ses yeux vingt-deux des plus zélés patriotes, avec plusieurs de leurs enfants. On craignait les rejetons d’un sang qui avait de tels pères à venger.

Les larmes que leur sort fit verser à la nation, se changèrent bientôt en haine ; toutes les factions semblèrent n’être animées que par l’indignation et le désir de la vengeance, et chacun s’empressa d’offrir son bras aux familles de Leca et Della Rocca. Dans ce pressant danger, l’Offizio expédia Antonio Spinola… Antonio Spinola, de tous les hommes, était le plus dissimulé : ne connaissant d’autre loi que sa politique, nourri dès son enfance d’intrigues obscures, imbu des barbares maximes seigneuriales, le cœur inaccessible à la pitié, Antonio Spinola débarqua dans l’île à la tête d’un corps de troupes cent fois moins redoutable que son génie malfaisant. Sa profonde dissimulation en imposa au peuple, et, par des manières étudiées, il vint à bout d’effacer les impressions sinistres des derniers événements qu’il attribua aux passions particulières des ministres… Il assura que l’Offizio voulait vivre en bonne intelligence avec les patriotes, et, dans la nécessité de prendre des mesures pour consolider l’harmonie, il invita les chefs Niolinchi et ceux des autres pièves à se transporter à Vico où il était. Dans cet état de choses, ils tinrent conseil.