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Page:Bonaparte - Œuvres littéraires, tome 1, 1888.djvu/185

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Tout est vain ; la politique de Spinola l’emporte… triomphe ! tu tiendras bientôt dans tes filets ces hommes faibles, ton génie encore à demi illustre, va surpasser de beaucoup ceux des Montalto, des Lomelline, des Fregose, des Grimaldi, des Calva, et chargé de louanges et de lauriers par tes dignes compatriotes, tu vas offrir au monde le spectacle odieux du crime heureux, Spinola ! Ô Dieu ! n’est-il aucun d’entre vous qui, transporté d’une noble fureur, aille enfoncer son stylet dans le sein de ce traître avant qu’il ait consommé son crime !… Mon fils, où es-tu ? Hélas ! il périt en défendant son père… Raffaëllo, mon neveu, Raffaëllo, où es-tu ? Ô souvenir déchirant ! son sang arrose encore la terre qui vous porte… Ô vieillesse, tu ne m’as laissé qu’une prévoyance stérile et des larmes impuissantes ! Jeunes gens, voyez mes cheveux, ils ont blanchi dans le malheur ; le malheur m’a appris à apprécier les hommes. Ah ! si les âmes de ces infortunés qui périrent par la trahison de vos ennemis pouvaient revenir du sein de l’Éternel… Dieu ! si les miracles sont indignes de ta puissance, celui-ci est digne de ta bonté ! »

Le spectacle touchant de cet illustre vieillard prosterné à genoux ne fut pas capable de les détourner de leur fatale résolution ; que peut la sagesse humaine lorsque la destinée doit s’accom-