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Page:Bonaparte - Œuvres littéraires, tome 1, 1888.djvu/193

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à la liberté, descendirent dans la tombe. Dans l’état de faiblesse où l’on se trouvait, l’Offizio comptait qu’on ne pouvait plus s’opposer à ses projets et résolut de plier ces hommes indomptables sous le joug de la servitude ; les conventions del Lago Benedetto tombèrent dans l’oubli… Ensanglantées, jonchées des cadavres de ses habitants, nos montagnes ne retentissaient que de gémissements. Les Corses voyaient l’esclavage s’avancer à grands pas, et dans leur grande faiblesse ils n’y trouvaient point de remède. Ainsi l’infortuné timonier prévoit le flot qui va l’engloutir, et le prévoit en vain. Le roi d’Alger, Lazzaro, Corse de nation, qui avait conservé dans ce haut rang le même amour pour sa patrie, ne pouvant la délivrer, la vengeait en détruisant le commerce de l’Offizio, mais rien ne pouvait adoucir le sort des Corses. Ils vivaient sans espérance, lorsque Sampiero de Bastelica, couvert de lauriers qu’il avait conquis sous le drapeau français, vint faire ressouvenir ses compatriotes que leurs oppresseurs étaient ces mêmes Génois qu’ils avaient tant de fois battus. Sa réputation, son éloquence, les ébranlaient, et à l’arrivée de Thermes, que le roi Henri II expédia avec dix-sept compagnies de troupes pour en chasser l’Offizio, les Corses s’armèrent du poignard de la vengeance, et, réduits à la seule ville de Calvi, les protecteurs de Saint-Georges reconnurent, mais trop tard, que quelque accablés qu’ils fussent, ces