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Page:Bonaparte - Œuvres littéraires, tome 1, 1888.djvu/229

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y joignit 6,000 hommes. Ils cernèrent Bastia. La Combe Saint-Michel et Gentili défendirent la ville avec la plus grande intrépidité ; elle ne capitula qu’après quatre mois de siège. Calvi résista quarante jours de tranchée ouverte. Le général Dundas, qui commandait un corps anglais de 4,000 hommes et était campé à Saint-Florent, se refusa à prendre part au siège de Bastia, ne voulant pas compromettre ses troupes sans l’ordre spécial de son gouvernement.

L’on vit alors un spectacle bien étrange : le roi d’Angleterre posa sur sa tête la couronne du royaume de Corse, bien étonnée de se trouver à côté de la couronne de Fingal. En juin 1794, la consulte de Corse, présidée par Paoli, proclama que ses liens politiques avec la France étaient rompus à jamais et que la couronne de Corse serait offerte au roi d’Angleterre. Une députation, composée de Galeazzi, président, Filippi de Vescovato, Negroni de Bastia, Cesari-Rocca de la Rocca, se rendit à Londres, et le roi accepta la couronne. Il nomma pour vice-roi lord Gilbert Elliot. La consulte avait en même temps décrété une constitution qui assurait les libertés et les privilèges du pays. Elle était calquée sur celle d’Angleterre. Lord Elliot était un homme de mérite ; il avait été vice-roi des Indes ; mais il ne tarda pas à se brouiller avec Paoli. Ce vieillard s’était retiré au milieu des montagnes, et là il désapprouvait la conduite du vice-roi,