Aller au contenu

Page:Bonaparte - Œuvres littéraires, tome 1, 1888.djvu/230

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qui était influencé par deux jeunes gens Pozzo di Borgo et Colonna, dont l’un servait auprès de lui en qualité de secrétaire, et l’autre comme aide de camp. On reprochait à Paoli d’être d’un caractère inquiet, de ne pas savoir se résoudre à vivre en simple particulier, de vouloir toujours trancher du maître du pays. Cependant l’influence qu’il avait dans l’île et qui n’était pas contestée, les services que dans cette circonstance il avait rendus à l’Angleterre, tout ce qu’avaient de respectable sa carrière et son caractère, portaient le ministère anglais à de grands ménagements. Il eut plusieurs conférences avec le vice-roi et le secrétaire d’État. C’est dans l’une d’elles que, piqué par quelques observations, il leur dit : « Je suis ici dans mon royaume ; j’ai deux ans fait la guerre au roi de France ; j’ai chassé les républicains. Si vous violez les privilèges et les droits du pays, je puis plus facilement encore en chasser vos troupes. » Quelques mois après, le roi d’Angleterre lui écrivit une lettre convenable à la circonstance, où il lui conseillait, par l’intérêt qu’il portait à sa tranquillité et à son bonheur, de venir finir ses jours dans un pays où il était considéré et où il avait été heureux. Paoli sentit que c’était un ordre : il hésita ; mais rien n’annonçait que ce règne de la Terreur dût se terminer en France. Il se soumit au destin et se rendit à Londres, où il mourut en 1807.