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Page:Bonaparte - Œuvres littéraires, tome 1, 1888.djvu/231

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Les Corses étaient extrêmement mécontents des gouverneurs anglais ; ils n’entendaient rien à leur langue, à leur tristesse habituelle, à leur manière de vivre. Des hommes continuellement à table, presque toujours pris de vin, peu communicatifs, contrastaient avec leurs mœurs. La différence de religion fut aussi un sujet de répugnance. Les Anglais répandaient l’or à pleines mains ; les habitants le recevaient, sans que cela leur inspirât aucune reconnaissance. Dans ce temps, Napoléon entra dans Milan, s’empara de Livourne, y réunit, sous les ordres de Gentili, tous les réfugiés corses. L’exaltation devint extrême dans toutes les montagnes. Dans une grande fête, à Ajaccio, on accusa le jeune Colonna, aide de camp du vice-roi, d’avoir insulté un buste de Paoli. Ce jeune homme en était incapable. L’insurrection éclata ; les habitants de Borgognano interceptèrent les communications de Bastia à Ajaccio, cernèrent le vice-roi, qui avait marché contre eux avec un corps de troupes : il fut contraint d’abandonner ses deux favoris et de les chasser de son camp. Elliot vit qu’il était impossible de se maintenir en Corse ; il chercha un refuge et s’empara de Porto-Ferrajo. Gentili et tous les réfugiés débarquèrent, en octobre 1796, malgré les croisières anglaises. Ils intimèrent une marche générale de la population. Toutes les crêtes des montagnes se couvrirent pendant la nuit de feux ; le bruit rauque de la corne, signal de l’insurrection, se fit