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Page:Bonaparte - Œuvres littéraires, tome 1, 1888.djvu/232

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entendre dans toutes les vallées ; ils s’emparèrent de Bastia et de toutes les places. Les Anglais s’embarquèrent en hâte et abandonnèrent beaucoup de prisonniers. Le roi d’Angleterre ne porta que deux ans la couronne de Corse, qui ne servit qu’à dévoiler l’ambition de son cabinet et à lui donner un ridicule. Cette fantaisie coûta cinq millions sterling à la trésorerie de Londres.

La Corse forma la 23e division militaire de la République ; le général Vaubois en eut le commandement. Au commencement de 1798, des malveillants, sous un prétexte de religion, insurgèrent une partie du Fiumorbo ; voulant s’accréditer d’un grand nom, ils mirent à leur tête le général Giafferi. Le général Vaubois marcha à eux, les dispersa et fit prisonnier leur général. Il était âgé de quatre-vingt-dix ans et dominé par son confesseur. Il avait été élevé à Naples où il avait servi et était parvenu au grade de général major ; il jouissait depuis dix-huit ans de sa retraite et vivait tranquillement dans sa piève. Vaubois le fit traduire à une commission militaire qui le condamna à mort ; il fut fusillé. Cette catastrophe fit couler les larmes de tous les Corses ; c’était le fils du fameux Giafferi qui, pendant trente ans, les avait commandés dans la guerre de l’indépendance. Son nom était éminemment national. C’eût été le cas de considérer ce vieillard comme en enfance et de se contenter de faire tomber la vindicte na-