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tendant, mio dolce amor, un millier de baisers, mais ne m’en donne pas, car ils brûlent mon sang.


III

Chanceaux, 14 mars 1796.

Je t’ai écrit de Châtillon, et je t’ai envoyé une procuration pour que tu touches différentes sommes qui me reviennent. Chaque instant m’éloigne de toi, adorable amie, et, à chaque instant, je trouve moins de force pour supporter d’être éloigné de toi. Tu es l’objet perpétuel de ma pensée ; mon imagination s’épuise à chercher ce que tu fais. Si je te vois triste, mon cœur se déchire, et ma douleur s’accroît. Si tu es gaie, folâtre avec tes amis, je te reproche d’avoir bientôt oublié la douloureuse séparation de trois jours ; tu es alors légère, et, dès lors, tu n’es affectée par aucun sentiment profond. Comme tu vois, je ne suis pas facile à contenter ; mais, ma bonne amie, c’est bien autre chose, si je crains que ta santé ne soit altérée, ou que tu aies des raisons d’être chagrine ; alors, je regrette la vitesse avec laquelle on m’éloigne de mon cœur. Je sens vraiment que ta bonté naturelle n’existe plus pour moi, et que ce n’est que tout assuré qu’il ne t’arrive rien de fâcheux que je puis être content. Si l’on me fait la question si j’ai