bien dormi, je sens qu’avant de répondre, j’aurais besoin de recevoir un courrier qui m’annonçât que tu as bien reposé. Les maladies, les fureurs des hommes ne m’affectent que par l’idée qu’elles peuvent te frapper, ma bonne amie. Que mon génie, qui m’a toujours garanti au milieu des grands dangers, t’environne, te couvre, et je me livre au découvert. Ah ! ne sois pas gaie, mais un peu mélancolique, et surtout que ton âme soit exempte de chagrin, comme ton corps de maladie ; tu sais ce que dit là-dessus notre bon Ossian. Écris-moi, ma tendre amie, et bien longuement, et reçois les mille et un baisers de l’ami le plus tendre et le plus vrai.
IV
J’ai reçu toutes tes lettres, mais aucune n’a fait sur moi l’impression de ta dernière. Y penses-tu, mon adorable amie, de m’écrire en ces termes ? Crois-tu donc que ma position n’est pas déjà assez cruelle, sans encore accroître mes regrets, et bouleverser mon âme ? Quel style ! quels sentiments que ceux que tu peins ! Ils sont de feu, ils brûlent mon pauvre cœur. Mon unique Joséphine, loin de toi il n’est pas de gaieté ; loin de toi, le monde est un désert