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Page:Bonaparte - Œuvres littéraires, tome 1, 1888.djvu/363

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réelles ! Faut-il encore s’en fabriquer ? Tu ne peux m’avoir inspiré un amour sans bornes sans le partager, et avec ton âme, ta pensée et ta raison, l’on ne peut pas, en retour de l’abandon, du dévouement, donner en échange le coup de mort… Un souvenir de mon unique femme et une victoire du destin, voilà mes souhaits : un souvenir unique, entier, digne de celui qui pense à toi à tous les instants.


VI

Cherasco, 3 floréal (24 avril 1796).

Mon frère[1] te remettra cette lettre ; j’ai pour lui la plus vive amitié. Il obtiendra, j’espère, la tienne ; il la mérite. La nature l’a doué d’un caractère doux et inaltérablement bon ; il est tout plein de bonnes qualités. J’écris à Barras pour qu’on le nomme consul dans quelque port d’Italie. Il désire vivre éloigné avec sa petite femme du grand tourbillon et des grandes affaires ; je te le recommande. J’ai reçu tes lettres du 16 et du 21. Tu as été bien des jours sans m’écrire. Que fais-tu donc ? Oui, ma bonne amie, je suis non pas jaloux, mais quelquefois inquiet. Viens vite ; je te préviens, si tu tardes, tu me trouveras malade. Les

  1. Joseph Bonaparte.