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Page:Bonaparte - Œuvres littéraires, tome 1, 1888.djvu/367

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Ma bonne amie, aie soin de me dire que tu es convaincue que je t’aime au delà de tout ce qu’il est possible d’imaginer ; que tu es persuadée que tous mes instants te sont consacrés, que jamais il ne se passe une heure sans penser à toi ; que jamais il ne m’est venu dans l’idée de penser à une autre femme ; qu’elles sont toutes à mes yeux sans grâce, sans beauté et sans esprit ; que toi, toi tout entière, telle que je te vois, que tu es, pouvais me plaire et absorber toutes les facultés de mon âme ; que tu en as touché toute l’étendue, que mon cœur n’a point de replis que tu ne voies, point de pensées qui ne te soient subordonnées ; que mes forces, mes bras, mon esprit sont tout à toi ; que mon âme est dans ton corps, et que le jour où tu aurais changé, ou le jour où tu cesseras de vivre, serait celui de ma mort ; que la nature, la terre n’est belle que parce que tu l’habites. Si tu ne crois pas cela, si ton âme n’en est pas convaincue, pénétrée, tu m’affliges, tu ne m’aimes pas. Il est un fluide magnétique entre les personnes qui s’aiment. Tu sais que je ne pourrais te voir un amant, encore moins t’en souffrir un : lui déchirer le cœur et le voir serait pour moi la même chose, et puis si je pouvais porter la main sur ta personne sacrée… Non, je ne l’oserais jamais, mais je sortirais d’une vie où ce qui existe de plus vertueux m’aurait trompé. Je suis sûr et fier de ton amour. Les malheurs sont des épreuves qui nous décèlent