Aller au contenu

Page:Bonaparte - Œuvres littéraires, tome 1, 1888.djvu/387

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

heur ou le malheur d’un homme que tu n’aimes pas, n’a pas le droit d’intéresser. Pour moi, t’aimer seule, te rendre heureuse, ne rien faire qui puisse te contrarier, voilà le destin et le but de ma vie. Sois heureuse, ne me reproche rien, ne t’intéresse pas à la félicité d’un homme qui ne vit que de ta vie, ne jouit que de tes plaisirs et de ton bonheur. Quand j’exige de toi un amour pareil au mien, j’ai tort. Pourquoi vouloir que la dentelle pèse autant que l’or ? Quand je te sacrifie tous mes désirs, toutes mes pensées, tous les instants de ma vie, j’obéis à l’ascendant que tes charmes, ton caractère et toute ta personne ont su prendre sur mon malheureux cœur. J’ai tort, si la nature ne m’a pas donné les attraits pour te captiver ; mais ce que je mérite de la part de Joséphine, ce sont des égards, de l’estime, car je l’aime à la fureur et uniquement.

Adieu, femme adorable, adieu, ma Joséphine. Puisse le sort concentrer dans mon cœur tous les chagrins et toutes les peines ; mais qu’il donne à ma Joséphine des jours prospères et heureux. Qui le mérite plus qu’elle ? Quand il sera constaté qu’elle ne peut plus aimer, je renfermerai ma douleur profonde, et je me contenterai de pouvoir lui être utile et bon à quelque chose. Je rouvre ma lettre pour te donner un baiser… Ah ! Joséphine ! Joséphine !