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Page:Bonnetain - Charlot s'amuse, 1883.djvu/330

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CHARLOT S’AMUSE

sait la venue de cet enfant qui suspendait ses plaisirs et le rejetait dans son mal.

Accoutumé par sa vie solitaire autant que par son éducation religioso-philosophique à se livrer à d’apparentes études de ce qui se passait en lui, il continuait à analyser ses sentiments avec cette manie de raisonnement et cette logique inconsistante, incomplète, qui, le laissant constamment à côté de la vérité, l’avaient toujours amené, depuis sa sortie du collége, à se voir meilleur ou pire qu’il n’était. Déséquilibré au moral, alors même que, physiquement, il avait trouvé la guérison, le malheureux était resté incapable de résolution énergique et sans suite dans les idées. La pusillanimité spéciale qui, à quinze ans, l’avait envahi, subsistait, prenant diverses formes, suivant les circonstances. Ses lectures mal digérées aidant, il avait peur à présent de lui-même, surpris du retour de son mal et retrouvant, devant les conséquences de cette rechute, son douloureux étonnement des premiers jours. Et il continuait à monologuer mentalement le pauvre détraqué, s’accablant d’injures sur ce qu’il n’avait plus la force de surmonter sa passion génésiaque et de patienter dans une continence reposante, d’autant plus supportable que, à l’encontre de l’année passée, à pareille époque,