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Page:Borel - Rapsodies, 1868.djvu/95

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Oui ! trompez-moi toujours ; à mon cœur qui s’oppresse
Souriez un moment, au moins une caresse.
Mon sang brûle, et l’attente encor peut l’enflammer.
Viens, ô mon Adrien ! toi seul peut me calmer ;
Viens, arrachons la fleur qui reste à la couronne
De ma vie ! Adrien, le repos m’abandonne ;
Étouffons ces douleurs qui gonflent en mon sein..,
Comme tremblent mes doigts sur ce vieux clavecin.
Comme est lourde ma voix, quelle monotonie !
Qu’importe ! à mon secours viens, si douce harmonie !
Que pour un cœur navré la musique a d’appas !…
                                        (La porte est agitée.)
Qui fait trembler la porte ?… Est-ce lui ? c’est son pas.
                                    (Elle ouvre doucement.)
Qui va là ? Répondez…

                              ADRIEN gaiement.
                                    C’est Adrien, je pense.

                                    AGARITE.
Que faites-vous dehors, dans l’ombre et le silence ?

                                 ADRIEN entrant
Aux pieds de ce donjon, ainsi qu’un troubadour,
Enchanté, j’écoutais roucouler mon amour.
Si tu savais combien sur ma diablesse d’âme.