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Page:Bosquet - Une femme bien elevee.pdf/18

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sorte de personnage : placée à la tête de plusieurs sociétés de bienfaisance, elle a, je te l’assure, une influence et des relations très-puissantes et très-étendues.

— Et mademoiselle Adrienne partage-t-elle le zèle religieux de sa mère ?

— Ah ! mon cher ami, quoique ta jeunesse ne date que de 48, tu me parais dans les traditions des hommes de 1830 ; tu es, je crois, imbu de défiances philosophiques. Moi, qui suis ton aîné, au moins d’une couple d’années, je sais être de mon temps. Je t’avoue pourtant que je redoutai d’abord chez Adrienne l’excès de la perfection ; c’est tout ce que l’on peut craindre de ces êtres féminins si gracieux et si inoffensifs. Mais j’ai été complètement rassuré ; elle possède de très-aimables défauts : elle est un peu friande, un peu médisante, un peu moqueuse, un peu coquette, et très-élégante en toute chose, malgré de sages habitudes d’économie. Ainsi elle ne m’imposera ni le jeûne, ni le silence, ni la pauvreté : tu vois donc qu’en me mariant, je ne fais point de vœux monastiques.

En ce moment, on descendait de voiture devant le péristyle de l’hôtel de ville.