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Page:Bosquet - Une femme bien elevee.pdf/52

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chronique locale : les mariages, les morts, les accidents, les procès, les bals et les sermons. La soirée fut très-animée, et Adrienne dit à son mari, au retour : — N’est-ce pas qu’on s’amuse bien chez ma mère ?

Les dimanches suivants, le cercle, n’étant point excité par un sujet exceptionnel, reprit ses habitudes d’esprit. Naturellement, Félicien y chercha un interlocuteur. Il fut surpris de la difficulté d’en trouver un avec qui l’entretien pût être spontané et sincère. Il y avait pourtant là des hommes appartenant aux diverses professions qui sont des garanties d’intelligence : des magistrats, des médecins, des avocats, des architectes, des employés supérieurs d’administration. Félicien allait des uns aux autres sans trouver à s’appareiller. Quelques conversations générales lui eussent permis d’apprécier facilement chacun d’eux ; mais il crut remarquer qu’on évitait cette manière inconséquente de lancer sa parole à l’oreille de tous. Au dîner, on s’adressait à son voisin ou à sa voisine. Au salon, l’entretien s’établissait par groupes, le plus souvent à voix basse, avec une certaine préoccupation de mystère. Félicien, en se mêlant à ces petites associations, éprouvait les