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Page:Bosquet - Une femme bien elevee.pdf/53

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scrupules d’une indiscrétion ; mais il se rassura quand il vit qu’on l’acceptait avec une tolérance qui n’avait rien d’hostile, si elle n’avait rien de flatteur.

Alors, il put faire de rapides observations. Ce petit monde, présidé par sa belle-mère, était tout nouveau pour lui. C’était un fragment du monde dévot, vaste univers qu’il n’avait point encore exploré. Chaque groupe avait sa physionomie propre, quoique tous fussent liés par un esprit de secte que trahissait la facilité avec laquelle un mot échappé d’un côté était saisi de l’autre et accueilli par ces muettes approbations qu’un signe furtif du visage suffit à transmettre. D’abord, c’étaient les prudents, qui ne s’entretenaient jamais, par timidité de caractère ou par scrupule intime, que de sujets spéciaux auxquels personne ne pouvait trouver à reprendre : découvertes d’antiquités, monuments à restaurer ou à reconstruire, programmes des sociétés savantes, etc. Les politiques étaient dans le secret des mutations opérées ou à opérer dans toute l’étendue des ressorts administratifs et judiciaires, depuis les plus humbles emplois jusqu’aux plus hautes magistratures ; ils savaient par quelles voies