Aller au contenu

Page:Bouasse - Capillarité - Phénomènes superficiels, 1924.djvu/10

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ne fichent pas les pieds. À Toulouse je pourrais vous nommer tel préparateur, payé 15 000 balles, qui ne paraît à la Faculté que pour toucher ses appointements !

Encore si ces cumuls se justifiaient !

Mais ils sont ordinairement d’une évidente absurdité.

Vous prétendez donner aux enseignements de la Sorbonne, de l’École Polytechnique, de l’École Centrale… des caractères différents… ; et ce sont les mêmes individus qui viennent y débiter les mêmes cours !

À moins de supposer que ces messieurs s’adaptent au milieu comme des caméléons, leurs cours ne peuvent simultanément satisfaire aux besoins différents de leurs élèves : un cours acceptable à la Sorbonne devient stupide à l’École Centrale.

Que dire d’un professeur à la Sorbonne qui enseigne à Sèvres ou à Saint-Cloud, ou d’un mathématicien au Collège de France qui dirige une école pratique de physique et de chimie.

Un fait entre mille pour fixer les idées.

Un professeur à la Sorbonne, mort aujourd’hui, fut nommé directeur d’un laboratoire d’essai aux Arts et Métiers. Naturellement il n’y mettait jamais les pieds. Malheureusement pour lui, il n’était pas l’ami du ministre des Travaux publics qui, sans tambour ni trompette, vint un beau jour visiter son laboratoire. Ledit professeur naturellement absent perdit sa place. Inutile d’établir pour tous ces laboratoires une feuille de présence : le garçon aurait la main, comme on disait au grand siècle.




Voyons ce qu’on exige de nos génies et si vraiment ils ont le droit de se plaindre.

Dans les facultés de province nous devons 3 cours par semaine, plus exactement 2 cours et une conférence. L’année scolaire étant de sept mois, chaque mois contenant environ 13 cours ou conférences, on nous demande une centaine de leçons au maximum. Les professeurs de la Sorbonne ne faisant que 2 cours par semaine, le nombre des leçons se réduit à une soixantaine ; enfin certains d’entre eux, ayant des cours semestriels, donnent environ 30 leçons par an.

Si ces messieurs arguent la fatigue que nécessite la préparation de leurs cours, j’en conclus leur ignorance, les cours portant toujours sur le même programme, celui de licence, qui n’a rien de particulièrement relevé. J’imagine qu’on ne doit pas beaucoup se fouler les méninges pour enseigner l’électricité ou l’optique élémentaires, sujets de deux cours semestriels à la Sorbonne.

Quant aux expériences de cours, outre que je pourrais citer nombre de cours (voire de chimie) où l’on n’en fait pas, nous avons des aides pour les préparer. Alors même que nous serions obligés de les mettre au point de nos propres mains (tel Nadar qui opérait lui-même !), si nous