Page:Boucher de Perthes - Voyage à Aix-Savoie, Turin, Milan, retour par la Suisse.djvu/17

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Le démon même en use,
Et, pour nous faire une niche,
Chacun sait qu’il s’affubla
Naguère en serpent boa.
À tout jeu le diable triche,
Si bien qu’Ève s’y trompa,
Car la bête était postiche.

De là, nous allons dans la galerie des tableaux. Mon compagnon n’est pas ignorant en peinture, il sait très-bien distinguer les belles choses. Je le laisse en contemplation devant un Raphaël, et je vais faire une visite à MM. de Neuwerkerke et de Longpérier.

En sortant du Louvre, j’admire les nouveaux squares, invention que nous avons prise aux Anglais et beaucoup perfectionnée. C’est une bonne chose que ces squares ; ils embellissent et assainissent les villes, et y réduisent le nombre et le danger des maladies qui, très-souvent, y naissent du manque d’air. J’aime surtout les squares ayant une fontaine au centre : or, j’en rêvais une qui serait certainement de circonstance, aujourd’hui que la crinoline est une puissance, presqu’une divinité, car elle règne non-seulement à la cour, mais dans nos temples et sur l’autel où nulle sainte, vierge ou martyre ou la mère de Dieu elle-même n’oserait se montrer si elle n’était vêtue de cette jupe monumentale ornée de ses nœuds et volants. Je voudrais, à la gloire de nos dames et en reconnaissance des progrès qu’elles ont fait faire à l’industrie des tissus et de la pluie d’or dont ces flots d’étoffes ont fécondé nos fabriques, élever sur une de nos places une fontaine monstre qu’on nommerait la fontaine crinoline, et dont voici l’aperçu : sur un piédestal un peu haut, ou une colonne ionique, serait