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Page:Boucher de Perthes - Voyage à Aix-Savoie, Turin, Milan, retour par la Suisse.djvu/18

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placée debout une naïade dans le demi-nu de l’antique, mais dont la draperie qui la couvrirait à partir de la taille contiendrait une ceinture de conduits hydrauliques distribués de manière à ce que l’eau, en jaillissant, formât un vaste cercle qui retomberait en jupe.

Si l’on ne voulait rien qui sentît le grec et l’antique, nous nous en tiendrions au costume du jour : la figure élevée sur la demi-colonne serait celle d’une de nos élégantes en déshabillé du matin, et dont la jupe légère serait, grâce à ce même procédé hydraulique, changée en une somptueuse toilette du soir par le développement d’une nappe d’eau arrondie en crinoline.

Jugez de l’effet d’une telle robe étincelante au soleil ou à la lumière du gaz ! Il n’est point de rivière de diamant qui pût l’égaler, et l’on en parlerait, je n’en doute pas, dans les journaux de modes des cinq parties du monde.

Je traverse la rue de Rivoli, et me voici dans celle de la Paix et bientôt sur la place Vendôme. Une estrade en amphithéâtre, couverte de velours violet dont la quantité, dit-on, de trente mille aunes, est disposée pour recevoir l’Empereur, le sénat, les députés et tous les grands dignitaires. Les croisées des hôtels qui entourent la place sont magnifiquement décorées. À tous les angles, des drapeaux tricolores sont disposés en faisceaux. En face de la colonne, sur le boulevard, est un monument de bois doré où sont écrits les noms des champs de bataille théâtre de nos dernières victoires. L’édifice en bois est censé représenter des canons dont on ne voit que la gueule avec le boulet dedans. — « Tiens ! s’écrie un soldat qui, comme moi, s’était