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Page:Boulain - La Fontenelle, Vie du partisan ligueur, 1895.djvu/51

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plogastel saint-germain

charrues, voilà quels étaient leurs engins de guerre, comme plus tard nos mobilisés au camp de Conlie. Eux aussi pauvres conscrits pris un peu partout, dans les petits bourgs, dans les hameaux, dans les villages, furent rassemblés sans cohésion, sans autres armes que quelques mauvais fusils, la plupart sans baïonnette et cela pour arrêter un ennemi victorieux, aguerri, armé, parfaitement outillé… L’affolement du moment fit perdre la tête à nos gouvernants. Au camp de Conlie la gaieté française sut encore prendre son parti, parlant de ces simulacres de fusils, de ces manches à balais qui servaient aux exercices, le chansonnier gaulois disait encore :

Ce sont là nos engins, nos machines de guerre
Et vraiment nous trouvons
Ces mousquetons
Fort bons
Pour ce qu’ils nous font faire…

Aussi plus éclairés, ceux-ci mieux que nos gouvernants d’alors crièrent-ils vite… d’ar guer, potred, d’ar guer…

À Plogastel ce n’était pas la même chose : les pauvres paysans d’alors confiants dans leur nombre, dans leurs Pen bas déro, (matraques en chêne) dans quelques vieux mousquets amenés par quelques anciens ligueurs, transfuges de l’armée de Mercœur, se croyaient sûrs de la victoire, et cependant ces ligueurs transfuges n’étaient pas les plus vaillants, ni les plus valides, ils n’étaient pas non plus, les plus expérimentés.