Page:Bourdaret - En Corée.djvu/388

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trop justifié. Actuellement, avec ses murs gris et solitaires, Kang-hoa a l’air d’une citadelle abandonnée. En glissant sur l’eau, dans mon sampan, je donne libre cours à mon imagination, et rêve que j’entends résonner dans l’air les vibrations des gongs guerriers appelant les Coréens aux armes, tandis que le fleuve se couvre de jonques chinoises prêtes à livrer l’assaut à ces remparts, jadis de premier ordre.

Nous voici sur les rapides du fleuve et à une courbe brusque, vers l’est, s’élève la forteresse de Sone-tol-mok dont nous apercevons le village un peu en arrière. Une porte dans la muraille la mettait en communication avec le Hane.

Après les rapides, nous reprenons notre route vers le nord. Çà et là se voient des forts et des fortins protégeant des villages de l’intérieur. La longue ligne des murs crénelés serpente sous les rayons du soleil couchant et projette son ombre sur l’eau. Ce pittoresque tableau retient mes regards, car je sais que là — comme partout ailleurs en Orient — la vue de loin est la meilleure. Le charme cesse quand on s’approche.

À six heures du soir, nous arrivons en face du port de la ville de Kang-hoa — Tchei-moul — ou Kap-tcheun — ou Ka-kou-tjo — dont le fortin se dresse sur un mamelon escarpé, bordant le fleuve. C’est le terminus de notre navigation. Nous avons franchi — poussés par la marée et un faible vent — environ trente-deux kilomètres.

Ne voulant pas coucher dans ce port peu engageant, je fais chercher des porteurs pour mes bagages afin de me rendre tout de suite à la capitale. Mes domestiques se restaurent à l’auberge, et pen-