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Page:Bournon - Anna Rose-Tree.djvu/132

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LETTRE

d’Élisabeth Green,

à Mylady Green, ſa Mère.


Vous allez me haïr, ô ma reſpectable Mère, & cette certitude me rend la plus malheureuſe des créatures. Je mérite, ſans doute, toute votre indignation : je commets une faute énorme : je quitte la maiſon paternelle pour occuper celle d’un Homme… que je n’oſe nommer. Quand vous lirez cette Lettre, je ſerai à lui pour la vie. Jamais, non jamais, je ne me ſerois rendue auſſi coupable, ſi on m’avoit laiſſé ma liberté. Exiger que j’épouſe celui que je déteſte, & que je renonce à celui que j’aime, ce ſacrifice s’eſt trouvé au deſſus de mes forces. J’ai combattu long-temps entre la nature & l’amour : ce dernier a été victorieux… Quelle funeſte victoire ! Voilà les regrets dont je vous parlois ce matin : ils conſumeront les jours de votre infortunée & reſpectueuſe Fille

Élisabeth Green.

„ Tu peux aiſément te peindre quel dut être mon déſeſpoir : je courus à l’apparte-