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Page:Braddon - Aurora Floyd, 1872, tome II.djvu/50

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AURORA FLOYD

ouvrant les yeux aussi grands que la nature le permettait. — Mon cher monsieur Mellish, quand réellement je ne faisais que remarquer en passant, en réponse à une de vos questions, que je pensais que Mme Mellish avait…

— Oui ! oui, — répliqua John, — je comprends ; il y a plusieurs chemins qui mènent de cette maison à Doncastre ; on peut prendre à travers champs ou tourner par Harper’s Common, c’est un chemin du diable qui fait bien des détours, mais on y arrive tout de même, vous savez cela, madame ; moi je préfère la grande route. Ce n’est peut-être pas la plus courte, mais c’est certainement la plus sûre.

Les coins de la lèvre inférieure de Mme Powell s’abaissèrent peut-être bien d’un pouce pendant que John faisait ces observations ; mais elle recouvra vivement son sourire habituel, et dit à Mellish qu’il s’exprimait d’une manière si étrange que c’est à peine si l’on pouvait le comprendre.

Mais John avait dit tout ce qu’il avait à dire, et il regagnait rapidement la maison.

Cette maison sur laquelle devait sitôt fondre la désolation ! sur laquelle planait déjà un malheur auquel, dans ses doutes les plus obscurs, dans ses craintes les plus poignantes, il n’avait jamais songé !


CHAPITRE XXIII

Sur le seuil des plus sombres malheurs.

John se dirigea tout droit à son appartement pour chercher sa femme ; mais il trouva les armes remises à leur place, et le cabinet vide. La femme de chambre d’Aurora, fille assez piquante, sortit en sautillant de l’office, où le bruit des couteaux et des fourchettes annonçait qu’un dîner