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Page:Braddon - L’Héritage de Charlotte, 1875, tome II.djvu/130

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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

pel à ces puissances invisibles, et l’oracle, dans lequel il croyait à demi, avait tourné à sa confusion ; il était heureux de voir que cette ligne ne signifiait rien.

Et pourtant, dans le titre de cette communication scientifique, émanant d’un toxicologiste distingué, il y avait quelque signification sinistre. C’était la lettre d’un grand chimiste démontrant le peu de certitude qu’offraient les moyens de découvrir la présence d’un certain poison : c’était un de ces articles qui, tout en venant en aide à la science, peuvent aussi servir les sombres desseins de l’empoisonneur, en lui apprenant les forces qu’il peut avoir à combattre et en lui fournissant des armes pour en triompher.

Il est inutile de nous appesantir sur le contenu de cette lettre, la première d’une série de communications sur le même sujet.

Valentin la lut avec un vif intérêt. Pour lui, elle avait une terrible importance dans ses rapports avec le passé et avec le présent.

« J’ai laissé le livre s’ouvrir tout seul et il s’est ouvert à la page où se trouve cette lettre… S’ouvrirait-il encore au même endroit ? »

Il répéta l’expérience, et le livre s’ouvrit à la même page. Il recommença une troisième fois, plusieurs fois, et toujours le même résultat se produisit.

Après cela, il examina le livre, et il reconnut qu’il avait été tenu ouvert à cette page par un lecteur, qui s’était fortement appuyé sur le volume.

Il se livra à un examen plus attentif, et il trouva en plusieurs endroits de faibles marques faites au crayon pour souligner certains passages, marques qu’on avait cherché à effacer autant que possible.

La déduction à tirer de ces petits faits n’était que