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Page:Braddon - L’Héritage de Charlotte, 1875, tome II.djvu/131

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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

trop claire pour Valentin : un lecteur avait longuement médité et étudié ces passages.

Pouvait-il douter que ce lecteur ne fût l’homme en la possession duquel il trouvait le livre, l’homme qui ce jour-là même lui avait été positivement dénoncé comme un empoisonneur ?

Il feuilleta le volume et cet examen rapide lui révéla un second fait, tout aussi concluant que le premier.

Une vieille enveloppe marquait l’endroit où se trouvait un article sur la coïncidence des mêmes symptômes comme diagnostiques de certaines fièvres lentes et l’empoisonnement par certains poisons.

Là, le volume s’ouvrait également de lui-même et une tache d’encre sur la page semblait indiquer que le volume avait servi d’appui à une personne qui avait pris des notes sur le contenu de l’article.

Ce n’était pas tout.

La vieille enveloppe qui avait marqué la place où il se trouvait avait en elle-même sa sinistre signification : le timbre de la poste portait la date de l’année et du mois dans lesquels le père de Charlotte était mort.

Pendant que le volume était encore ouvert entre ses mains, la porte s’ouvrit soudain et Nancy entra.

Elle avait fait attendre Valentin plus d’une demi-heure. Il ne restait plus, à ce dernier, qu’une demi-heure à peine pour rompre la glace existant naturellement entre deux personnes qui sont entièrement étrangères l’une à l’autre et sonder les profondeurs du caractère de cette femme.

Si elle était venue à lui plus tôt, quand son plan d’action était clairement tracé, il aurait procédé avec une lenteur prudente et raisonnée ; mais arrivant maintenant que son esprit, troublé par la découverte de nou-