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Page:Braddon - L’Héritage de Charlotte, 1875, tome II.djvu/134

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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

Les fils de Bowanie ne sont pas pires que Sheldon, mais on se tient en garde contre eux. »

Nancy le regardait avec effroi… Il n’avait pas parlé de poison… Mais alors n’avait-elle pas trahi son maître ?

Valentin vit qu’elle avait su ou fortement soupçonné les causes de la mort de Halliday, et que, par conséquent, il obtiendrait facilement toute l’assistance qu’il attendait d’elle.

« Madame Woolper, il faut m’aider à sauver Charlotte, dit-il avec autorité. Vous n’avez rien fait pour tenter de sauver son père, quoique soupçonnant les causes de sa mort. J’ai vu aujourd’hui M. Burkham, le médecin qui a donné ses soins à M. Halliday, et c’est de sa bouche que j’ai appris la vérité. J’ai besoin que vous m’accompagniez à Hastings pour prendre place comme garde-malade au chevet du lit de Charlotte. Si M. Sheldon soupçonne que vous ayez connaissance du passé, ce dont je ne doute pas (un regard jeté sur le visage de la gouvernante le convainquit qu’il ne se trompait pas), vous êtes entre toutes la personne qu’il convient de charger de la garde de cette chère fille. Votre rôle ne sera pas difficile, si nous pouvons enlever la malade et la soustraire au pouvoir de cet homme. Dans le cas contraire, votre tâche consistera à empêcher que toute nourriture, toute potion touchées par la main de cet homme, s’approche de ses lèvres. Vous pourrez vous en acquitter. Ce n’est qu’une question de tact et de fermeté. Nous aurons un des plus grands docteurs de Londres pour nous guider. Voulez-vous venir ?

— Je ne crois pas que mon maître ait empoisonné son ami, dit Nancy avec obstination, et je ne veux pas le croire. Vous ne pouvez pas me forcer de penser mal de celui que j’ai aimé quand il était un petit et innocent