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Page:Braddon - L’Héritage de Charlotte, 1875, tome II.djvu/135

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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

enfant que je portais dans mes bras. Qui êtes-vous, vous et votre beau docteur de Londres, qui était un pauvre homme, s’il m’en souvient bien, pour que je vous croie sur parole, contre mon maître ? Si ce jeune homme pensait que M. Halliday avait été empoisonné que ne parlait-il, comme un homme, alors ? Belle besogne, ma foi, que de venir relever ce fait à la charge de mon maître, onze ans après. Quant à la jeune demoiselle, c’est une douce et bonne créature, la plus douce et la meilleure qui ait jamais existé, et je ferais tout pour la servir mais je ne pense pas, je ne puis pas penser que mon maître voudrait toucher à un cheveu de sa tête. Qu’y gagnerait-il ?

— C’est son affaire. Il a gagné à la mort de Halliday, et tenez pour certain qu’il a pris ses dispositions pour gagner à la mort de la fille de Halliday.

— Je n’y crois pas, » répéta la femme avec la même opiniâtreté.

Haukehurst n’était nullement préparé à une telle résistance. Il regarda à sa montre. La demi-heure était presque expirée… Il ne lui restait plus que fort peu de temps pour la décider.

« Grand Dieu ! s’écria-t-il, à quel argument avoir recours pour émouvoir le cœur endurci de cette femme ? »

Quel argument, en effet ? il n’en connaissait pas de plus forts que ceux dont il avait fait usage. Il resta un moment indécis et découragé, les yeux fixés sur sa montre et ne sachant ce qu’il allait faire.

Pendant que Valentin était dans cet état de perplexité, la cloche extérieure sonna violemment et presque aussitôt on entendit le grincement de la roue d’une voiture contre la borne qui protégeait la grille d’entrée

Nancy regarda dans l’antichambre.