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Page:Braddon - L’Héritage de Charlotte, 1875, tome II.djvu/159

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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

disparaître par la porte donnant accès dans la partie de la maison consacrée aux domestiques.

Quand la porte se fut fermée, il s’éloigna lentement. Il avait fait tout ce qu’il lui était possible de faire, et il était arrivé maintenant au moment le plus pénible : celui où il ne lui restait plus qu’à attendre l’issue des événements.

Qu’allait-il faire ? Rentrer chez lui… boire, manger, dormir ? Lui était-il possible de manger ou de dormir tandis que cette précieuse existence flottait entre la vie et la mort ? Il suivait doucement les rues sans fin, sans savoir où il allait. Sans en avoir conscience, il était bousculé par les passants ou il les bousculait ; des enfants le heurtaient à chaque instant. Comme le monde lui paraissait bruyant et affairé ! Et elle était mourante !

Il arriva en suivant la grande route au milieu du bruit et de l’animation de Notting Hill. Les boutiques regorgeant de monde et les clameurs de la foule lui semblaient étranges. C’était pour lui comme une cité étrangère. Il continua son chemin, après avoir passé le point où la foule était le plus compacte et il entra dans une petite taverne où il demanda un peu de brandy.

Il y avait un banc près de la muraille faisant face au comptoir et c’est vers ce banc qu’il se dirigea.

« Qu’est-ce que vous avez à me bousculer ainsi, mon jeune monsieur, dit un cocher brutal indigné d’avoir été touché par le coude de Valentin, mais presque aussitôt ce cocher brutal s’était élancé en avant et avait reçu dans ses bras le jeune monsieur. Eh ! bien, jeune homme, où voulez-vous donc aller… Eh ! là-bas, apportez un verre d’eau fraîche, le diable m’emporte s’il n’est pas évanoui ! »

Heureusement Valentin n’était pas évanoui, c’était