Page:Braddon - L’Héritage de Charlotte, 1875, tome II.djvu/165

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
161
L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

Quelque chose de plus que sa position à la Bourse était en jeu.

Il avait accompli des actes désespérés dans l’espoir de soutenir sa position contre le flot changeant de la fortune : des billets étaient en circulation, auxquels il fallait faire honneur à l’échéance ou qu’il fallait retirer de la circulation avant que les faux eussent été découverts ; des billets sur des compagnies aussi ténébreuses que les opérations supposées auxquelles elles se livraient. Cinq mille livres environ de ces billets étaient tirés sur la Compagnie à responsabilité limitée de l’Acajou de Honduras, trois mille livres environ étaient tirées sur la Compagnie, également à responsabilité limitée, des Charbons Pensylvaniens.

Les sommes qu’il pouvait se procurer à l’aide des polices d’assurances couvriraient à peu près le montant de ces billets, et simultanément de nouveaux billets pourraient être lancés et arrêteraient les cris, jusqu’à ce qu’une réaction soit survenue dans la Cité et qu’un vent favorable l’ait fait entrer dans le port du salut.

Au-delà de ce port brillait un phare splendide, l’héritage de la morte, qu’il réclamerait à l’aide des mêmes titres qui lui avaient fait obtenir les sommes garanties par les polices d’assurances.

Sans cette réalisation immédiate d’argent comptant, il y avait impossibilité pour lui de sortir de ce labyrinthe inextricable.

Depuis trop longtemps déjà il soutenait sa position avec des billets de commerce : il y avait des gens dans la Cité qui désiraient voir la couleur de son argent ; il le savait et il connaissait la fragilité des fils à l’aide desquels il soutenait sa position et combien serait terrible la chute qui le précipiterait dans la ruine.