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Page:Braddon - L’Héritage de Charlotte, 1875, tome II.djvu/191

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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

Il prit la lettre machinalement de la main de cette fille et rompit l’enveloppe sans regarder l’adresse.

Le certificat tomba à terre ; il le ramassa d’une main tremblante et pendant quelques instants il le regarda les yeux couverts d’un voile qui ne lui permettait pas de voir.

Il apercevait bien un acte, avec des dates et des noms, dressé par la main d’un clerc, mais pendant quelque temps il ne vit rien de plus. Puis, peu à peu les noms sortirent de la confusion de ce tourbillon de mots qui dansaient devant ses yeux éblouis.

« Valentin Haukehurst, écrivain, célibataire, Carlyle Terrace, Edgewar Road, fils d’Arthur Haukehurst, journaliste. Charlotte Halliday, Bayswater, demoiselle majeure, fille de Tom Halliday, fermier. »

Il n’en lut pas davantage.

C’était un acte de mariage et non un acte de décès qui lui avait été apporté.

« Vous pouvez vous retirer, dit-il à la servante d’une voix étranglée.

— Qu’ordonnez-vous pour le dîner, s’il vous plaît, monsieur ?

— Est-ce que je m’occupe du dîner ?

— Dînerez-vous à la maison, monsieur ?

— Si je dînerai à la maison ?… Oui ; que Mme Woolper vous donne ses ordres.

Mme Woolper est partie, monsieur. Elle est partie pour tout de bon, à ce que je crois ; elle a emporté ses malles. Et l’on doit envoyer le bagage de Mlle Paget, s’il plaît à monsieur. Voilà une lettre que Mme Woolper a laissée pour monsieur, et qu’elle a déposée sur la tablette de la cheminée.