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Page:Braddon - L’Héritage de Charlotte, 1875, tome II.djvu/218

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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

droits se confondent avec les vôtres. Sous tous les rapports, c’est vous qui êtes l’héritier légal de la succession Haygarth. »

Valentin partit d’un grand éclat de rire : tout ce qu’il venait d’entendre lui semblait une monstrueuse plaisanterie. Lui, le vagabond sans feu ni lieu qu’il était il n’y avait pas plus d’une année, lui, le fils d’un homme qui avait toute sa vie côtoyé l’abîme faute de posséder cinq livres vaillant, lui investi du droit de réclamer à la Couronne une fortune de cent mille livres.

« Toute cette affaire me semble ridiculement improbable, dit-il.

— Mon frère n’aurait pas fait ce qu’il a fait, si elle lui avait paru improbable. Quoi qu’il en soit, nous n’avons pas à discuter les chances pour et contre ; tout ce qu’il faut, c’est un arrangement entre vous et moi, qui m’assure ma part du butin.

— Je suis prêt à conclure tout arrangement raisonnable ; mais je suis tenu de protéger les intérêts de ma femme et je dois charger un sollicitor d’agir pour moi en cette affaire. À un grec il faut opposer un grec, vous le savez.

— Très-bien, j’aurais pu arranger l’affaire sans l’intervention d’étrangers ; mais puisque vous êtes pour les excès de prudence, vous ferez bien de laisser l’affaire entre les mains de MM. Greenwood et Greenwood, qui ont agi jusqu’à présent et qui ont tous les documents en leur possession.

— Greenwood et Greenwood ! Charlotte m’a parlé d’actes qu’elle a signés, d’hommes de lois qu’elle a vus, mais elle ne m’a dit ni la nature des actes, ni le nom des hommes de lois. Je me suis abstenu de lui parler d’affaires. Le traitement qu’elle a subi lui a laissé une