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Page:Braddon - L’Héritage de Charlotte, 1875, tome II.djvu/219

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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

grande excitation nerveuse et nous nous efforçons de bannir de son esprit tous les sujets désagréables.

— Oui, tout cela est fort bien, mais les affaires sont les affaires, vous le savez. Vous ferez bien de voir Greenwood et Greenwood, à l’instant. Annoncez-leur votre mariage. Vous laisserez dans l’ombre la conduite de Philippe, c’est convenu entre nous. Vous leur direz que votre mariage a été un mariage d’amour, romanesque et sentimental, accompli contre les idées de mon frère. Ils ne soulèveront aucune objection, du moment que vous manifesterez l’intention de laisser l’affaire entre leurs mains.

— Vous n’avez eu aucune nouvelle de votre frère ?

— Non, rien, ou presque rien. J’ai été hier à son bureau. Il n’y a pas paru depuis la maladie de Charlotte, et Orcott n’a reçu ni lettre, ni message de lui depuis le jour de votre mariage. Les choses semblent s’embrouiller complètement. Orcott donne à entendre que les affaires de Philippe traversent une passe difficile, mais c’est un imbécile qui sait bien peu de chose. Il semblerait, d’après lui, que Philippe était à la hausse, et que la baisse de toutes les valeurs a été la ruine pour lui. Voyez-vous, quand un homme se classe parmi les haussiers, il n’y a jamais chance qu’il passe au camp des baissiers et vice versa. Les spéculateurs sont pris d’une sorte de folle infatuation et l’homme engagé dans une voie y persiste jusqu’à ce qu’il soit entièrement ruiné ; tout au moins, c’est ce que m’ont dit des gens de Bourse, et je crois que c’est bien près de la vérité. »

Ce fut tout ce que Valentin put apprendre pour le moment, sur le compte de Sheldon. Chaque coup de marteau faisait battre le cœur de Georgy. À chaque