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Page:Braddon - L’Héritage de Charlotte, 1875, tome II.djvu/231

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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

l’avait si longtemps abritée sous son toit. Et avec Charlotte, sa chère sœur adoptive, viendrait l’homme qu’elle avait aimé autrefois et à la vie duquel elle avait rêvé d’associer son existence.

Elle s’étonnait de son inconstance en s’apercevant combien le rêve s’était complétement envolé.

Devant les sérieuses réalités de la vie, devant la maladie et le chagrin, devant l’ombre effrayante de la mort, cette vision de sa jeunesse s’était entièrement dissipée.

Il était possible que la franche déclaration d’amour de Lenoble eût puissamment aidé à effacer de son esprit la peinture fantastique de la vie qu’elle avait rêvée ; elle ne savait pas au juste s’il en était ainsi, mais ce qu’elle savait, c’est qu’une existence nouvelle et plus heureuse avait commencé pour elle à partir du moment où elle avait donné loyalement tout son cœur à Lenoble.

Tous les arrangements furent pris pour que le mariage eût lieu une semaine après que le capitaine en eut exprimé formellement le désir. Il devait d’abord être célébré à l’église protestante, puis dans une chapelle catholique, de façon à ce que cette double cérémonie établît un lien légal que rien ne pût rompre plus tard.

Charlotte était assez bien rétablie pour obtenir la permission d’assister à la cérémonie, après avoir exercé quelque peu sa puissance de persuasion sur le médecin aux soins duquel elle avait été confiée par le docteur Jedd, après que tout danger avait disparu.

Le capitaine exigea avec une vive insistance que le déjeuner de noces eût lieu chez lui.

« Et Valentin, dit-il, il sera certainement des nôtres. J’ai un secret à lui dire, une sorte d’expiation à accomplir, des nouvelles à lui apprendre qui ne lui seront