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Page:Braddon - L’Héritage de Charlotte, 1875, tome II.djvu/236

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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

« Et lors même que je serais disposé à vous garder quelque rancune pour le temps passé, alors, vous le savez, que vous étiez assez enclin à vous soucier fort peu des embarras où vous me laissiez, pourvu que vous ayez pu vous en tirer vous-même sain et sauf ; si j’étais disposé à me souvenir de ces sortes de choses, ce qui n’est pas, sur ma parole, le noble courage de votre fille et son dévouement au temps où la vie de ma femme était en danger, se dresseraient entre moi et le souvenir de ces vieux griefs. Je ne saurais vous dire les sentiments profonds que m’inspire sa bonté dans ce moment cruel.

— Elle est une Paget, murmura le capitaine avec complaisance, noblesse oblige. »

Valentin put à peine retenir un sourire au souvenir des nombreuses occasions où les obligations résultant d’un noble lignage, avaient pesé d’un poids si léger pour son aristocratique patron.

« Oui, Valentin, reprit le capitaine d’un air pensif, nous avons vu d’étranges choses ensemble. Quand j’ai commencé mon voyage à travers le monde, aux jours de la Régence, je ne me doutais pas combien le voyage serait fatigant et les étranges gens que je devais rencontrer parmi mes compagnons. Néanmoins, me voilà arrivé à la dernière étape, et je remercie là Providence qui me permet de finir mes jours aussi confortablement. »

Pendant quelque temps il retomba dans ses réflexions et garda le silence, puis s’arrachant à sa rêverie avec une sorte d’effort, il avala quelques gorgées d’une boisson rafraîchissante placée auprès de lui, et aborda la question avec une étrange brusquerie.

« Vous vous rappelez votre voyage à Dorking, Va-